L'essai de la société BrainVectis sur un virus adéno-associé (BV-101)

La société BrainVectis a reçu l'autorisation de mener un essai de phase I/II en France portant sur sa nouvelle thérapie génique pour la maladie de Huntington à un stade précoce.
Mis en ligne le 27 août 2022


La compagnie Asklepios BioPharmaceutical Inc (AskBio), une filiale détenue à 100% et exploitée de manière indépendante par la société Bayer AG, a reçu l’autorisation de mener en France, par l’intermédiaire de sa filiale, la société BrainVectis, un essai de phase I/II portant sur sa nouvelle thérapie génique pour la maladie de Huntington, le virus adéno-associé BV-101.
Cette autorisation délivrée par l’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments et des produits de santé (ANSM), ainsi que l’approbation du protocole de l’essai par le comité d’éthique en charge, permettent à la société BrainVectis de débuter le recrutement des participants.

BV-101 est un nouveau virus adéno-associé (AAV), vecteur pour la thérapie génique, qui simultanément traite le dysfonctionnement métabolique des neurones malades et contribue à la clairance (capacité d'un tissu, organe ou organisme de débarrasser un liquide biologique d'une substance donnée) de la protéine huntingtine mutante.
Il est administré par des techniques neurochirurgicales guidées par IRM, dirigé vers des tissus cibles dans les structures basales du cerveau.

Lors d’études précliniques chez la souris, le BV-101 a démontré sa capacité à rétablir le fonctionnement normale de la voie du cholestérol, à fournir une neuroprotection et à restaurer les performances physiques en délivrant dans le cerveau une enzyme cruciale, l’enzyme CYP46A1, dont l’expression est réduite chez les personnes atteintes de la MH.

Le BV-101 a obtenu en 2019 de l’Agence Européenne des Médicaments la désignation de médicament orphelin dans l’Union Européenne.

« Contrairement aux autres tentatives pour traiter la maladie de Huntington, le BV-101 vise à restaurer le métabolisme du cholestérol, à réduire la huntingtine mutante et à améliorer les fonctions neuronales. Surtout, le BV-101 n’affecte pas les taux de la protéine huntingtine normale dans les cellules » a déclaré Nathalie Cartier-Lacave, MD, fondatrice de BrainVectis et actuellement Vice-Président, responsable du secteur neurobiologique, au sein de la société AskBio
« Si cela s’avère fructueux, nous avons le potentiel pour changer le cours d’une maladie dévastatrice, responsable d’un déclin fonctionnel et cognitif sévère ».
«  L’approbation de ce nouvel essai en France marque une étape majeure pour potentiellement traiter l’une des maladies génétiques les plus dévastatrices au monde » a ajouté Sheila Mikhail, JD, MBA, CEO et co-fondatrice de AskBio.
« En cas de succès, cette nouvelle approche pour traiter la maladie de Huntington pourrait avoir un impact sur la façon dont nous traitons de nombreuses autres maladies neurodégénératives à l’avenir ».

Au sujet de l'essai clinique portant sur le virus adéno-associé, BV-101

L’essai clinique portant sur le BV-101 sera une étude ouverte à doses croissantes dont l’objectif principal est d’évaluer l’innocuité et la tolérabilité de l’administration striatale (dans le noyau caudé et le putamen) de BV-101 chez des adultes atteints de la MH à un stade précoce. Les objectifs secondaires de l'essai seront d’évaluer les biomarqueurs clés et l'efficacité préliminaire. L’essai comprendra 12 à 18 participants dont le recrutement est en cours et devrait débuter à Paris au cours du 4ème trimestre 2022. Il sera mené par une investigatrice principale, Alexandra Dürr, MD, PhD, Professeur de génétique, Centre de référence pour les maladies neurogénétiques rares.
L’essai a été enregistré sur le registre européen des essais cliniques.

Sources : communiqué de presse de la société AskBio du 23 août 2022 fiche de l’essai sur le site EU Clinical Trials Register

Au sujet de la société BrainVectis

La société BrainVectis, créée en 2015, est une biotech qui possède une expertise de renommée mondiale dans les maladies neurodégénératives. Son principal candidat de thérapie génique (BV-101) cible la maladie de Huntington et a reçu la désignation de médicament orphelin en avril 2019. 

L’objectif de cette société est de stopper l’évolution de maladies neuro-dégénératives comme Alzheimer ou Huntington en rétablissant le métabolisme du cholestérol cérébral. Chez ces personnes atteintes de ces maladies, l’expression de CYP46A1, une enzyme clef du métabolisme du cholestérol, est réduite. Grâce à un vecteur de thérapie génique (le BV-101), la société BrainVectis prévoit de délivrer CYP46A1 dans le cerveau des patients afin de rétablir le fonctionnement normal de la voie du cholestérol.

La  pertinence de cette stratégie thérapeutique, développée à l’origine par le Dr Nathalie Cartier-Lacave, a été démontrée chez des modèles animaux de la maladie d’Alzheimer et de la maladie de Huntington : la surexpression de CYP46A1 corrige les marqueurs de ces maladies. Ces résultats, fruits de travaux de recherche soutenus par l’INSERM, le CNRS, l’Agence Nationale pour la Recherche, les universités Paris Descartes, Pierre et Marie Curie, Paris Sud-Paris Saclay, la Fondation pour la Recherche Médicale, France Alzheimer et la Région Ile-de-France, ont fait l’objet de publications scientifiques dans Brain, Human Molecular Genetics et Molecular Therapy.

La société BrainVectis a été acquise en 2020 par la société AskBio (société américaine de thérapie génique basée en Caroline du Sud) spécialisée dans la conception, le développement et la production industrielle de vecteurs AAV et dans le développement clinique de candidats médicaments basés sur cette technologie. La société BrainVectis fonctionnera en tant que filiale à 100% d'AskBio. En combinant ses programmes avec la plate-forme technologique d’Askbio, elle vise à accélérer le développement de ses thérapies géniques pour les personnes atteintes des maladies de Huntington et d’Alzheimer.

Source Article sur le site MyPharma Editions

N.B : Le virus adéno-associé (AAV pour adeno-associated virus) est un petit virus à ADN, qui peut infecter l'être humain. Toutefois, il ne provoque pas de maladie et n'entraine qu'une réponse immunitaire de défense modérée. Une fois à l'intérieur des cellules, le virus AAV, comme tous les virus, incorpore ses gènes dans l'ensemble des gènes de la cellule infectée. Il est utilisé en génie génétique comme vecteur pour la thérapie génique.

Traduction libre (Michelle)